Comment sauver le programme public de FIV ?: l’exemple néerlandais
Avec la décision du gouvernement québécois actuel de mettre fin au programme public d’aide médicale à la procréation si son projet de loi 20 est adopté, de nombreux couples infertiles québécois sont inquiets, consternés, voire désespérés. Est-il trop tard? Est-il possible de convaincre le gouvernement libéral de faire marche arrière?
Les Néerlandais ont, quant à eux, réussi.
Voici comment ils ont réalisé ce qui semblait, de prime abord, impossible.
En 2011, le ministre néerlandais de la Santé annonçait son intention de réduire à un seul le nombre de cycles remboursés de fécondation in vitro (FIV), assistée ou non d’une micro-injection de spermatozoïdes (ICSI). Contrairement au gouvernement québécois, le gouvernement néerlandais ne désirait pas entièrement abolir le programme. Cela souleva malgré tout un tollé.
Une collaboration étroite s’établit entre les spécialistes de la Société néerlandaise d’obstétrique-gynécologie et l’association néerlandaise des couples infertiles Freya. Émergera de cette concertation une proposition au gouvernement visant à réduire de 30 millions d’euros (€) le budget annuel de 80 millions € pour les soins de l’infertilité.
Ouvert d’esprit, le gouvernement néerlandais mettra sur pied un groupe de travail pour étudier cette proposition, incluant des représentants de chacun des 13 centres de FIV, de la régie d’assurance-maladie néerlandaise et de compagnies d’assurance privées de santé.
Le groupe de travail recommandera finalement le plan suivant :
- appliquer une politique stricte de transfert d’un seul embryon chez l’ensemble des femmes de moins de 38 ans pour les deux premières tentatives de FIV et d’ICSI;
- limiter l’exploration et le traitement de l’infertilité aux femmes de moins de 43 ans;
- appliquer de façon stricte un modèle mathématique prédisant les probabilités de concevoir spontanément sans traitement (modèle Huneault) et limiter en conséquence l’accès à la FIV et l’ICSI uniquement aux couples présentant moins de 30% de chance de concevoir spontanément au cours de la prochaine année, en présence d’infertilité inexpliquée ou de facteur mâle léger; pour les autres causes d’infertilité comme la dysovulation corrigée, mais sans grossesse, le facteur mâle sévère et l’obstruction des trompes de Fallope, la FIV +/- ICSI étant accessible et offerte d’emblée;
- réduire les coûts et le gaspillage de médicaments utilisés en FIV pour stimuler les ovaires.
Grâce à ces recommandations, le gouvernement néerlandais décida de maintenir le programme public d’aide médicale à la procréation par la couverture d’au moins trois tentatives complètes de FIV ou d’ICSI. La mise en place des recommandations du groupe de travail aura aussi produit d’autres effets favorables. Les données confirment en effet une réduction du nombre total d’inséminations intra-utérines et de cycles de FIV et d’ICSI. De plus, la politique stricte de transfert d’un seul embryon aura permis de réduire les taux de grossesse gémellaire de 10% qu’il était en 2012, à 5% en 2013. La contrepartie n’aura été qu’une très faible réduction du taux de grossesse évolutive par cycle débuté, incluant les embryons congelés, passant de 27.5% à 25.6% en 2013.
Source: Focus on reproduction janvier 2015 http://goo.gl/VeFgQE (voir page 13)