Introduction
Depuis quelques années, le dépistage prénatal évolue considérablement et il sera probablement bouleversé dans un futur rapproché par des changements de paradigme, y incluant une nouvelle générations de tests.
Grâce à la mise au point de nouvelles technologies comme l’immunoprécipitation de l’ADN fœtal méthylé et le séquençage de nouvelle génération du génome (next generation sequencing), il est maintenant possible de dépister la très grande majorité des aneuploïdies les plus communes (trisomies 21, 18 et 13) par une simple prise de sang maternel.
Ainsi, de nouveaux tests prénataux non intrusifs basés sur la détection de l’ADN fœtal circulant librement dans le sang maternel (TPNI par ADN fœtal) ont récemment vu le jour. Offerts dès la 10e semaine de grossesse, ils détecteraient plus de 99 % des trisomies 21, ≥ 97 % des trisomies 18 et ≥ 87 % des trisomies 13, avec seulement 0.1 à 0.4 % de faux positifs.
À des fins de comparaison, le dépistage prénatal actuel du premier trimestre («dépistage prénatal classique»), réalisé entre les 11e et 14e semaines de grossesse et qui combine des mesures échographiques fœtales (clarté nucale, flot du ductus veineux et valve tricuspide) à des mesures de protéines circulant dans le sang maternel (fraction libre de la βhCG et la PAPP-A), détecte 96 % des trisomies 21 et 98 % des trisomies 18 et 13 avec 2.5 % de faux positifs. FERTILYS offre déjà depuis plusieurs années ce test classique de dépistage prénatal, sans danger pour le fœtus et la mère.
Bénéfices et inconvénients du TPNI par ADN fœtal
Contrairement à un test diagnostique (test Dx) comme l’amniocentèse et la biopsie du trophoblaste, le TPNI par ADN fœtal ne présente, comme le dépistage prénatal classique, aucun danger pour le fœtus. Une simple prise de sang maternel est requise. Deux tubes de sang de 10 ml sont prélevés et un rapport est généralement produit rapidement, à l’intérieur de 8 à 10 jours. Le TPNI par ADN fœtal peut être réalisé tôt, dès la 10e semaine de grossesse.
Bien que, du moins pour la détection de la trisomie 21, le TPNI par ADN fœtal apparaisse supérieur au dépistage prénatal classique, ils présentent encore de nombreux inconvénients.
Le TPNI par ADN fœtal :
- Ne permet pas, contrairement au dépistage prénatal classique du premier trimestre, de dépister :
- d’autres syndromes génétiques et autres aneuploïdies ;
- les malformations fœtales physiques (structurales), dont les anomalies cardiaques ;
- certains évènements adverses en grossesse, comme la prééclampsie et le retard de croissance intra-utérin.
- Demeure malgré tout un test de dépistage et ne doit pas être considéré comme un test diagnostique:
- en présence d’un risque élevé au TPNI par ADN fœtal, un test intrusif comme l’amniocentèse ou la biopsie du trophoblaste est toujours requis pour poser un diagnostic final ;
- en présence d’un risque faible au TPNI par ADN fœtal, une anomalie chromosomique fœtale ne peut être entièrement exclue ;
- Ne peut être réalisé en présence de grossesse multiple ;
- Est beaucoup plus coûteux qu’un dépistage prénatal classique ; il coûte en fait 795 $ US, auxquels il faut ajouter des coûts pour le prélèvement sanguin d’environ 40-60 $ CA;
- Même lorsqu’il est réalisé, une échographie fœtale demeure essentielle, ne serait-ce que pour bien dater la grossesse, confirmer la viabilité du fœtus, déterminer la présence ou non d’une grossesse multiple, étudier l’anatomie fœtale et mesurer si possible au premier trimestre les marqueurs subtils comme la clarté nucale, la clarté intracrânienne (spina bifida), les flots du ductus veineux et de la valve cardiaque tricuspide, etc., utiles à d’autres fins.
Conclusion
Où se situe donc la place du TPNI par ADN fœtal dans le cadre d’un programme de dépistage prénatal ?
Les données actuelles de la littérature scientifique suggèrent que la place du TPNI par ADN fœtal reste encore limitée et qu’il ne peut remplacer actuellement le dépistage prénatal classique du premier trimestre, test toujours recommandé en première ligne. Dans quelques années, les améliorations technologiques permettront de mieux saisir et peut-être d’élargir le rôle du TPNI par ADN fœtal dans le cadre d’un programme de dépistage prénatal.
Pour l’instant, nous proposons d’offrir le TPNI par ADN fœtal sous la forme d’un test de contingence, idéalement au premier trimestre de la grossesse, aux patientes suivantes (figure 1) :
- celles qui présentent un risque intermédiaire de trisomies (entre 1:100 à 1:1000) au dépistage prénatal classique et qui en sont inquiètes ;
- celles qui ont un risque élevé au dépistage prénatal classique (≥ 1:100), mais qui refusent initialement tout test diagnostique intrusif (amniocentèse, biopsie du trophoblaste), vu leurs risques associés de perte fœtale de 1 %; ces patientes doivent cependant bien comprendre que le TPNI par ADN fœtal ne détecte pas toutes les anomalies chromosomiques;
- toutes patientes qui demeurent inquiètes malgré un risque faible (moins de 1:1000) au dépistage prénatal classique ;
- les patientes qui n’ont pu réaliser avant la 14e semaine de grossesse un dépistage prénatal classique (l’échographie fœtale étant malgré tout requise).
Le TPNI par ADN fœtal est maintenant disponible au Laboratoire médical FERTILYS, sur prescription médicale.
Pour toute information supplémentaire, veuillez nous contacter au (450) 657-1313 poste 2268. Pour toute consultation médicale, contacter le poste 2266.
Figure 1. Dépistage prénatal par ADN foetal